Agression dans un bar gay lillois : l'homophobie pas retenue

AFP 27 novembre 2013 à 14:40

 

Les trois prévenus ont écopé de six mois de prison avec sursis pour avoir frappé trois employés en avril dernier.

Le tribunal correctionnel de Lille a condamné mercredi trois hommes à six mois de prison avec sursis pour avoir frappé en avril trois employés du Vice&Versa, un bar homosexuel de Lille, en plein débat sur le mariage pour tous. Les trois hommes âgés de 18 à 25 ans ont en revanche été relaxés du chef d’injures à caractère homophobe.

«On verra à la lecture du jugement. Mais, a priori, nos clients ont été condamnés sur les dégradations, éventuellement les violences», avait déclaré à la sortie de l’audience l’un des trois avocats de la défense, maître Maxime Moulin.

La décision du tribunal est moins sévère que les réquisitions du parquet qui avait réclamé, le 4 septembre, 12 mois d’emprisonnement, dont six avec sursis, à l’encontre des trois prévenus âgés de 18 à 25  ans. Ils étaient  jugés pour avoir frappé au soir du 17 avril le patron du Vice&Versa, son associé et un serveur, proféré des insultes à caractère homophobe et endommagé le mobilier et la vitrine de l’établissement.

Dans son réquisitoire, le procureur avait déclaré qu'«aucune tolérance de la société ne peut être exprimée» à l’égard de violences à caractère homophobe et que la peine devait être «aussi une forme d’avertissement» à l’encontre des prévenus, dont le casier judiciaire était vierge pour deux d’entre eux. «C’est un grand gâchis, une tempête dans un verre d’eau», a déclaré peu après le jugement Me Jérémy Cateau, qui défendait l’un des prévenus. Mais le tribunal a relaxé les trois prévenus sur le chef des insultes. «Il n’y a pas d’injure homophobe, d’agression à caractère homophobe, simplement une histoire qui se passe malheureusement souvent à Lille, c’est-à-dire des consommateurs qui vont dans un café et ont l’impression de se faire refuser l’entrée», a avancé maître Moulin.

 

Déception et surprise des associations

Les parties civiles, notamment les associations qui s’étaient portées en soutien, n’ont pas caché leur surprise. «J’en reste assez bouche bée, eu égard aux éléments qui étaient dans le dossier», a indiqué Maître Faustine Broulin, qui représentaient l’association LGP Lille et a fait part de sa déception.

Procès-verbaux et témoignages «étaient assez nombreux et relevaient du caractère homophobe», a-t-elle estimé. L’avocate attendait encore la motivation du jugement. «Est-ce que l’effet médiatique n’a pas fait peur ?», s’interrogeait l’avocate qui aurait aimé faire du dossier «un porte-voix». «Est-ce que le tribunal n’a pas voulu reprendre le dossier entre ses mains ? »

A l’inverse, les avocats de la défense avait regretté l’emballement médiatique qui avait fait suite à cette affaire, sur fond de débats et de manifestations sur le mariage pour tous qui battaient leur plein au moment de l’agression. Le lien des prévenus avec des milieux d’extrême droite avait été mis en avant au tribunal.

L’audience, prévue au départ en comparution immédiate, en plein débat sur le mariage pour tous, avait été renvoyée à trois reprises, notamment pour des raisons de procédure.

Outre la peine de prison avec sursis, les trois agresseurs ont été condamnés à payer solidairement à chacune des trois victimes 300 euros de préjudice matériel, 300 euros de préjudice moral et 600 euros de dommages et intérêts. Ils devront également régler l’ardoise des dégâts, soit 558,82 euros.