Meurtre de Lille : que s'est-il vraiment passé le 21 mai ?

 

PUBLIÉ LE 28/03/2013 - MIS À JOUR LE 28/03/2013 À 05:32

Par Nord Eclair

 

Commencé mardi, le dossier du meurtre de la place Deliot semble avancer à reculons. Avant l'ouverture, ce matin, de la troisième journée d'audience, la cour et le jury sont sûrs de deux éléments. Un homme de 30 ans est mort poignardé d'un cou de lame à la base du cou. Et, second point, des membres de la communauté camerounaise célébraient cette nuit du 21 mai 2011 la fête nationale de leur pays natal dans un bar africain. Le reste est un peu plus compliqué. Si l'accusé soutient avoir été en situation de légitime défense au moment des faits (notre édition d'hier), cette thèse n'est pas aidée par les premiers témoins cités à comparaître.

 

Détail capital 


Il y a d'abord Rodrigue. Interrogé par la police, il a livré des explications circonstanciées et, pour tout dire, peu favorables à Bertin S-K, un proche, sinon un ami. Il a, en effet, expliqué avoir vu celui qui est alors footballeur et éducateur au SC Hazebrouck dans la cuisine de l'établissement. « Il était avec son frère », avait-il précisé. « Ils étaient énervés. » Un détail capital. C'est, en effet, précisément là que le meurtrier s'est emparé de l'arme du crime, retrouvée maculée de sang à quelques mètres du cadavre. Mais, hier, Rodrigue a tout oublié.

Cuisiné par le président Jean-Michel Faure, il prétend s'être trompé, que ses paroles ont été mal interprétées...

Du coup, c'est l'avocat général qui se fâche. « Vous l'aviez dit ou vous l'aviez rêvé ? » Me Marion Houzel, partie civile pour les proches de la victime, embraye sur une question pertinente. « Avez-vous reçu des menaces ? » Le témoin assure que non. Son homologue de la défense détient peut-être la vérité. « Il n'a rien vu, en fait ! N'est-ce pas que vous n'avez rien vu ? », tonne Me Faustine Broulin. Rodrigue préfère se taire. Le président lui a rappelé qu'il déposait sous serment. On sourit. Cette fois, c'est Geneviève qui arrive dans le prétoire. Employée du bar africain, elle a bien vu, elle, S-K et son frère cadet dans sa cuisine. « C'est interdit. Je leur ai demandé de partir. » Elle précise que les deux hommes semblaient très fâchés. On sait, en effet, qu'une altercation venait de se produire à la cave avec la victime.

L'accusé y aurait été insulté par cette dernière. « Niais », avait-on entendu. Or, au Cameroun, se mot signifie « traître ». Parce que Bertin avait travaillé dans la police comme adjoint de sécurité ? C'est une bonne question. La victime, contrairement à l'homme qui se trouve dans le box, avait un casier judiciaire. Durant cette journée très contrastée, la cour a également entendu le médecin légiste qui a autopsié la victime expliquer le caractère inexorablement mortel du coup de couteau reçu par celle-ci. « La lame n'a rencontré aucun obstacle pour perforer l'artère sous-clavière. Pour la sauver, il aurait fallu que le bloc opératoire soit situé à quinze mètres... » Elle a aussi écouté les déclarations de la tutrice de l'accusé, quand il était mineur, et sa dernière compagne, de 17 ans son aînée. « C'était un bon garçon, serviable, attentionné, courtois et pas violent... » Comme on dit à Douai, la cour est pleine. 

 

FRÉDÉRICK LECLUYSE

Meurtre à Lille en 2011: la thèse de l’ancien joueur du Sporting taclée par un témoignage accablant

 

Par FRÉDÉRICK LECLUYSE pour La Voix du Nord,Publié le 29/03/2013 – La Voix du Nord - Mis à jour le 29/03/2013 à 10:33

Par FRÉDÉRICK LECLUYSE

 

Le procès de Bertin S-K, ancien joueur du Sporting-club d’Hazebrouck, se poursuit devant la cour d’assises. Voici le compte-rendu de la journée de jeudi.

Le président Jean-Michel Faure avait d’emblée prévenu l’intéressé. « Monsieur, votre témoignage n’est pas important, il est très important ! » Une bonne manière de responsabiliser ce témoin capital. Alors, Fidèle, un solide agent de sécurité d’une trentaine d'années au franc parler, a dit tout ce qu’il a vu à la sortie du bar de la place Déliot au petit matin du 21 mai 2011 (lire nos éditions précédentes). Autant le dire, sa version ébranle considérablement celle développée depuis mardi par Bertin S-K qui affirme qu’il n’aurait fait que se défendre selon le principe de la légitime défense. « J’étais juste derrière la victime et sa belle-mère et j’ai vu K. descendre de sa voiture », raconte Fidèle. « Il semblait l’attendre. Il s’est avancé et a chopé l’autre par le col et lui a mis un coup de lame en faisant un geste circulaire. Je pense qu’il a voulu le marquer au visage mais la victime a fait une rotation sur la gauche et le couteau s’est planté dans la droite de son cou. Il y a eu un jet de sang puis plus rien. La plaie ne saignait pas. » Fidèle assure avoir alors entendu le blessé crier : « Il m’a tué. »

Dans le box, l’ex-footballeur du SC Hazebrouck ne perd pas pour autant son sang froid. « Ça ne s’est en aucun cas passé comme ça. » S’ensuit alors un dialogue surréaliste entre l’accusé et son accusateur. Chacun se renvoie la balle des droits, des devoirs et de la morale. Au bout de cinq minutes, le président Faure siffle la fin du match. Pour autant, le procès semble avoir fait un grand pas sur le chemin de la vérité. Auparavant, la cour avait écouté l’émouvant témoignage de la belle-sœur de la victime, une infirmière tourquennoise dont les bras ont accueilli le dernier souffle de son beau-frère. « En sortant du bar, j’ai vu une traînée de sang et mon beau-frère à terre soutenu par ma mère. J’ai immédiatement mis ma main sur la plaie pour faire compression. Je lui disais Reste éveillé, reste éveillé, mais il a eu un profond soupir... » Le verdict est attendu ce vendredi soir après le réquisitoire de l’avocat général Bonthoux et la plaidoirie de Me Faustine Broulin, qui n’a pas dit son dernier mot malgré cette journée plutôt funeste.

Régis Mahieu et Philippe Lemettre, anciens président et entraîneur du Sporting-club d’Hazebrouck, étaient présents au procès, hier, pour témoigner.

Meurtre de Lille : douze ans de réclusion

 

Publié le 30/03/2013 - Mis à jour le 30/03/2013 à 05:35

Par Nord Eclair

               

Le meurtre s'est déroulé place Déliot, devant un bar de nuit lillois le 21 mai 2011. Verdict : douze ans de réclusion pour l'accusé
Le meurtre s'est déroulé place Déliot, devant un bar de nuit lillois le 21 mai 2011. Verdict : douze ans de réclusion pour l'accusé

Au terme d'un procès de quatre jours et d'un délibéré de près de trois heures, les jurés de la cour d'assises du Nord ont condamné hier soir Bertin S-K à douze années de réclusion criminelle. L'ex-joueur de foot du SC Hazebrouck était jugé depuis mardi pour le meurtre d'un homme de 31 ans, commis le 21 mai 2011 à la sortie d'un bar de nuit, face à la fac de droit (nos éditions précédentes).
 
Jusqu'au bout, l'accusé a assuré qu'il n'avait fait que se défendre. « Un déni », selon l'avocate des parties civiles. « Un déni, notamment, pour la souffrance des parents de la victime et principalement sa mère, stigmatisait Me Marion Houzel. Elle a vu partir son fils en France et elle l'a vu revenir au Cameroun dans un cercueil, sans aucune explication. » De son côté, l'avocat général s'est attaché à démontrer l'intentionnalité du coup de couteau. « Bertin S-K attendait la victime sur le trottoir et, quand elle est sortie, il lui a donné un coup de lame précis dans une zone létale, le cou. Si ce n'est pas avoir eu l'intention de tuer, qu'est-ce que c'est ? » Évoquant un crime « odieux et gratuit », Jean-Pierre Bonthoux a requis de dix-huit à vingt années de détention.
 
Très remontée, Me Faustine Broulin a aussitôt réagi : « On parle de justice ou de vengeance ? J'ai l'impression de ne pas avoir le même dossier que l'accusation. » L'avocate de la défense a déploré les manquements de l'enquête, notamment l'absence de relevés d'empreintes sur le couteau. Elle s'est aussi interrogée : « Pourquoi mon client aurait-il voulu tuer ? On ne sait pas, personne ne sait. » FK. L.

Coup mortel : un footballeur d'Hazebrouck suspecté

Publié le 25/05/2011 à 05h13

La Voix du Nord

 

L'ancien adjoint de sécurité lillois, mis en cause dans la mort d'un Tourquennois de 29 ans.

 

Dans la nuit de vendredi à samedi devant le bar N'Simalen à Lille (nos éditions précédentes en pages Région) est en détention. Il est soupçonné d'avoir frappé la victime avec un couteau au cou. Il s'était aussitôt rendu à la police.

 

La nouvelle a provoqué la surprise également dans les Flandres où le suspect âgé de 26 ans joue depuis un an au Sporting-club d'Hazebrouck, et y entraîne les jeunes. En garde à vue samedi soir, il n'avait pas pu participer à la rencontre de son équipe à Évreux. Hier, Régis Mahieux, président du Sporting, se disait surpris : « C'est un garçon charmant, vraiment quelqu'un de très calme, doux. Il a toujours eu un comportement exemplaire, sur le terrain comme en dehors. »

 

Son conseil, Me Faustine Broulin, confirme : « C'est une personne calme et posée, qui n'a pas de casier et n'a rien d'un délinquant. Il a conscience du drame qui a eu lieu et est complètement effondré. » Ce week-end, le jeune homme avait nié avoir voulu tuer ou blesser, évoquant une dispute qui a dégénéré à la sortie du N'Simalen. Le couteau utilisé semble appartenir à l'établissement (aussi un restaurant).

 

L'information judiciaire ouverte pour violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, doit préciser comment cette lame est arrivée entre ses mains. La famille de la victime soutenait, samedi, qu'il l'avait saisie dans le restaurant. Le suspect, lui, aurait indiqué l'avoir retiré des mains de la victime dans un geste de défense.

A. D. (avec VI. D.)