Lille: la mauvaise partition d'un futur chanteur ?                                  

Publié le 05/09/2014 - Nord Eclair - PAR FRÉDÉRICK LECLUYSE

Les audiences du tribunal correctionnel sont parfois un lieu de découvertes improbables. C’est le cas de cette petite affaire.

 

D. H., 28 ans, se voit reprocher deux banals vols à la roulotte. Le dernier s’est déroulé mardi. Toxicomane, il dit consommer un gramme d’héroïne tous les jours que dieu fait et parfois un peu de cocaïne pour améliorer l’ordinaire. «  Vous volez aussi tous les jours ?  » lui demande le président Lemaire. Le jeune homme, dont la frêle corpulence indique qu’il a sans doute été taillé à coups de burin dans une aiguille à tricoter, assure que non. «  Je fais la manche. » Bernard Lemaire souhaite connaître le montant de ses gains. «  Soixante euros par jour  », répond, tranquille, l’intéressé. Étonnement du président : «  c’est incroyable, vous gagnez plus que le Smic !  »

 – «  C’est malheureusement vrai et c’est désolant  », réplique le prévenu. 

Très à l’aise, Dorian H. explique qu’il a des talents cachés. Il dit chanter à la perfection. Il en donne d’ailleurs un bref aperçu en entonnant quelques mesures. «  Eh bien, il faut persévérer  », l’encourage le magistrat, qui n’a pas tous les jours affaire à des prévenus aussi truculents. «  C’est vrai, je vais essayer. J’ai un frère qui a fait le conservatoire de Paris et qui est violoniste  ». Le procureur, qui n’est peut-être musicien dans l’âme, rappelle que tout cela n’est quand même pas très moral : «  voici un prévenu qui vole et qui finance sa dépendance à la drogue grâce à la générosité des passants.  » Jérôme Aimé requiert dix mois dont six avec sursis.

«  Il ne fait pas la manche de gaîté de cœur  », proteste Me Faustine Broulin. «  Il est malade de la drogue et son état réclame qu’on le soigne  ».

 

Jugement : six mois avec sursis et mise à l’épreuve comprenant une obligation de soin.